UNE BELLE SOIREE...
Les gens affluent pour se regrouper d'un pas décidé sur ce terrain de tennis bordé de tables marquées des différents pays de la planête les bras chargés de sacs isothermes, de saladiers, de barbecues et autres friteuses. Je suis derrière Kathia et je jette avec un étonnement amusé un dernier regard sur ce costume dont elle me cachait depuis des semaines l'existence. Quelle bonne idée me dis-je. Nous sommes samedi et nous allons assister à la première foire à la dégustation de l'année. Il s'agit pour les participants de proposer à la vente pour une somme modique, des portions de leurs plats nationaux. Les nationalités se coitoient dans un joyeux tohu-bohu et la mise en place rapide des plats succulents sur la table de bois des français attire les premiers convives. Les familles sont encore à l'ambassade car le père Noêl est de passage à Ouagadougou mais la place ne tarde pas à se remplir car il fait beau, il fait bon, il n'y a pas de poussière ni de vent, pas de forte chaleur ni de pluie dont nous n'avons vu goutte depuis notre arrivée. Bref tout devrait bien se passer pour les tartes, tourtes, quiches et autres nems et salades variées que les cuisinières de tout pays ont concoctées dans le secret de leurs alcoves burkinabé. Les prix s'affichent, ils sont modiques et les premiers clients sortent leur porte monnaie avec les yeux brillants de gourmandise. Ma grande est sur le pont avec ses cinq comméres, (c'est bizarre comme le féminin de compère sonne mal! )
Et d'un commun accord elles se sont toutes non pas déguisées mais accoutrées en danseuses de frenchcancan. La culotte satinée rouge et la jupe bleue répond dans un bel élan patriotique à un haut blanc ce qui donne à nos madelons une belle allure nationaliste. Le serre-cou rouge assorti d'une cocarde tricolore vient parachever nos amazones de la gastronomie française qui sont bel et bien décidée à vendre au plus vite le contenu gourmand de leurs saladiers colorés. Gobelet après gobelet les deux cubitainers de vin rouge sont promptes à se vider et les amateurs se pressent au robinet. Mais voici que le jour décline, l'appétit de nos convives fait de même et il reste encore du vin à vendre. Françoise en bonne ambassadrice du jus de la treille va rapidement décupler les ventes de gobelets en embarquant Kathia dans un périples, une tournée au travers des tables en proposant le rouge breuvage directement du robinet aux verres posés sur les tables. Les invités, sensible à cette audace commerciale de nos VRP du gros rouge vont faire honneur à nos deux madelons et certains seront surpris à frôler leurs jupons. Le même stratagème sera utilisé pour finir de vendre le far breton dont le crémeux étalage sur sa plaque de papier sulfurisé ne suffisait plus à faire son succés dans la pénombre ouagadaise qui confinait au noir d'encre. A notre grande surprise, il disparaitra en quelques minutes de ballade entre les tables de nos visiteurs autant intéressés par la proposition gastronomique que par le costume avec lequel sont attifées les cuisinières du jour. Bravo les filles et vive la bonne bouffe française.
PS : Nous avons reçu les félicitations de l'Ambassadeur Américain, qui nous a dit que nous étions la meilleure table.