MON ADAPTATION

Publié le par les africains du 13

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A mon arrivée en Afrique, je me suis demandée ce que je faisais là. Rien ne me plaisait vraiment et la France me manquait tellement. Je me sentais loin des gens que j'aime, loin de mes filles, loin de mes amies. Il n'y a pas la mer, pas l'air des collines, bref, rien de bien attirant. Les rues, la poussière, la pauvreté, le regard des gens, tout m'affligeait et m'agaçait. Je n'avais pas envie de sortir et encore moins de rencontrer du monde. Je restais emmurée chez moi, à me terrer et à gamberger comme une âme en peine. Et puis les jours passant, j'ai commencé à m'intéresser un peu plus à tout ce qui m'entourait. J'allais faire mes petites courses à pied par les sentiers bordant les maisonnettes de paille et de tôle, je répondais aux saluts des gens et distribuais quelques petits biscuits aux enfants aux pieds nus dans les rues poussiéreuses. Petit à petit, je faisais mon nid et je m'installais de plus en plus confortablement dans cette jolie maison qui nous attendait sur cette terre, loin des miens. Au fil des mes sorties, je suis devenue plus hardie pour finalement m'aventurer dans les ruelles ocre de latérite. Tout en restant prudente et vigilante, j'en vins à m'intéresser à la vie des gens, leurs habitations, leurs loisirs. Rien de très spécial me direz-vous mais je notais que le sourire de ces gens que tout séparait de moi, me donnait la pêche et me remontait le moral.

      Cela fait trois mois maintenant que je suis ici et j'ose enfin sortir seule et sans crainte. J'ose affronter les regards appuyés, les blagues quelque fois déplacées, les enfants dénudés qui me courent après, les jeunes filles qui me dévisagent de la tête au pied en se demandant ce qu'elle pourraient obtenir de moi, les marchands qui s'agglutinent  pour vendre tout et n'importe quoi. Maintenant au marché, j'ose discuter les prix et je suis devenue intransigeante durant les inévitables marchandages. Si j'aime être généreuse quand cela me chante, j'ai horreur de me faire prendre pour un porte monnaie sur pattes. J'ai pris mes repères, j'ai appris à faire face et je connais maintenant les règles des vendeurs de notre rue. Il y a peu de temps je craignais leurs regards alors que maintenant je leur dis bonjour et en dialecte local s'il vous plait: "Naïberu". J'ai rangé ma fierté dans le placard et j'ai ouvert un peu mon coeur en comprenant que ce peuple tente de survivre comme il le peut et l'agressivité n'a jamais arrangé quoi que se soit. Soyons un peu compatissant envers ces gens qui ne demandent qu'à manger et à dormir sous un toit.

Avec Gilles, nous sortons souvent nous promener tard dans la soirée et nous osons marcher dans des endroits sombres avec pour seule lumière la lune, pour seuls compagnons les hululement des oiseaux de nuit et le vol razant des chauves souris.  C'est sans aucun danger que nous parcourons des kilomètres au travers des sentiers et des ruelles. Réticente au début, je refusais de croire mon Gilou quand il me déclarait qu'aucun danger n'existait et je restais persuadée que ces excursions nocturnes après le film du soir pourraient tourner au drame mais je le reconnais, j'avais tort. A notre passage personne ne bouge, tout le monde reste à sa place et seuls quelques signes de la main amicaux des adultes ponctuent notre passage accompagnés par quelques strident "blanc blanc"! ou "nassara!" qui veut dire le blanc, ou "nezaabré" qui veut dire bonsoir de la part des enfants qui s'enfuient en riant. Noyés dans la pénombre parfumée de la nuit africaine nous savourons notre plaisir de faire partie du paysage, nous aimons ce silence que seul rompt tout à coup le hurlement d'un chien roux. Nous sommes désormais à l'aise parmis les Burkinabés et nous sommes ravis de cette aventure Africaine. Régulièrement, je vais courir le long du canal, sur une bande de terre lisse et plate comme une piste de stade mais avec la poussière et les odeurs nauséabondes en plus. C'est l'Afrique et on s'habitue rapidement à cette vie qui nous ramène à nos besoins premiers: manger un fruit, boire de l'eau fraiche ( en bouteille ), sourire à une vieille femme. Chaque dimanche, nous partons marcher à travers les cimètres, dans la chaleur âcre de ces chemins de terre rouges qui quadrillent la ville et sa banlieue. Nous croisons des enfants toujours très curieux de nous  voir marcher ainsi d'un pas décidé mais sans but. Ils ont de drôles de frimousses avec leurs gros yeux et leur tignasse frisée et à vue de nez ils ne prennent pas de douche tous les jours. Ils nous tendent parfois leur petites mains sales, et pour ne pas les toucher, je garde mes mains dans les poches. J'ai été bien malade en décembre et depuis je fais attention aux microbes qui peuvent vous envoyer au lit en moins de deux minutes. Dans un coin d'ombre, des vieillards  nous observent, en silence assis sur un banc de bois, des jeunes en mobylettes pétaradantes passent en nous saluant, des vendeurs d'objets de plastique, attendent de vendre seaux, bassines et poubelles sans nous importuner, bref que de portraits humains fascinant, que de tranches de vie palpitantes et des découvertes émouvantes qui nous font chaud au coeur. Après trois mois ici, c'est avec fierté que je pense à mon adaptation sur ce continent magique, et je pense aux promesses de Gilles qui me jurait que partout le bonheur est possible quand on est deux et qu'on s'aime, et je remercie le destin de m'avoir amenée dans ce pays qui nous donne au quotidien au moins une dizaine de leçons de vie, une dizaine de raison par jour de savoir profiter de la vie au jour le jour même si nos prochaines vacances nous rameneront sur Marseille. Marseille pour y retrouver la civilisation, notre civilisation et ma petite fille aussi. Il y a trois mois, et même si j'ai encore ce petit blues qui est dans un coin de moi, j'étais loin d'imaginer que je changerai mon point de vue sur cette aventure. Comme quoi, par envie, par défis par amour de la vie et par amour de son homme, tout le monde peut changer et s'adapter...en espérant qu rien ne viendra ternir tout ça.  

Publié dans VOYAGE AU BURKINA FASO

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I
BONJOUR, PORTEFEUILLE MAGIQUE DE MAITRE ISHAOU Aujourd'hui dans tout le monde on constate que nous traversons une période très dur alors c'est très difficile de gagné d'argent facillement.Alors c'est une occasion qui m'a amené à mis à votre disposition mon portefeuille magique qui multiplie d'argent Donc pour plus de détails n'hésite pas à me contacter maître ISHAOU CONTACT:TEL : +229 97037669 WHATSAPP: +229 97037669
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L
C'est pas facile lorsque son bébé est loin mais j'essaie de surmonter cette épreuve en pensant à autre chose...même si à la nuit tombée, le chagrin revient.
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